À propos

La Fédération des Labels Indépendants Francophones est née d’un triple constat :

  • l’écosystème et le modèle économique des labels indépendants a, ces dernières années, profondément changé

  • alors que les labels indépendants constituent une force indéniable, leur rôle semble être remis en question

  • l’environnement institutionnel a lui aussi évolué, rendant nécessaire la mise en place d’un outil de concertation permanent avec les acteurs publics impliqués.

Rappelons tout d’abord qu’un label indépendant est une structure de production de disques indépendante des grosses compagnies (ou majors) de l’industrie du disque, aussi bien artistiquement que financièrement. Ces majors désignent les groupes multinationaux à l’origine producteurs et distributeurs de disques. En 1990, à l’âge d’or du disque CD, quatre groupes s’étaient formés, dans un mouvement continu de rachats, fusions et absorptions depuis 1902.Trois d’entre eux étaient filiales de conglomérats plus grands encore: BMG, EMI, Sony Music, Polygram.
Fin 2004, Sony Music Entertainment et BMG Entertainment fusionnent pour constituer Sony Music Entertainment, et, fin 2011, EMI Group a été racheté par Universal Music Group.
À partir de 2012, ce sont donc trois sociétés qui se partagent l’essentiel du marché de la musique enregistrée.
Au premier semestre 2020, elles représentaient 68,6 % des ventes de phonogrammes (productions de musique enregistrée y compris la synchronisation) sur le marché mondial:

• UNIVERSAL MUSIC GROUP 32,1 %
• SONY MUSIC ENTERTAINMENT 20,6 %
• WARNER MUSIC GROUP 15,9 %

Et le phénomène est loin d’être terminé, car ces grands groupes, pour assoir leur hégémonie, ne cesse d’acheter des catalogues ou de prendre des parts, de moins en moins minoritaires, au sein des (grands) labels indépendants qui échappaient à leur influence.

Parallèlement, ces groupes internationaux prennent des participations dans les plateformes de streaming ou concluent, fort de leurs catalogues, des contrats opaques et avantageux.

Or, aujourd’hui c’est évidemment le streaming qui génère le plus de recettes. Ainsi, en Belgique, en 2020 (source : IFPI), le streaming a représenté 53,2% des revenus du secteur alors que la vente des supports physiques n’a représenté que 12,3% des revenus soit une diminution de 37,7% de ces revenus sur 5 ans (le reste des recettes étant surtout générées par les droits sur les spectacles et, dans une moindre mesure, la synchronisation). Or, on le sait, les revenus du streaming donnent une prime aux détenteurs des grands catalogues, soit les majors qui par leur position dominante ont un accès privilégié au marché mondial. Mais, pour les artistes et les labels indépendants, la digitalisation se traduit par un affaiblissement croissant des recettes et donc des pouvoirs de négociation.

Ce système de concentration et de monopolisation du marché de la musique enregistrée est évidemment un danger pour la création artistique. Il est synonyme de standardisation, de primat du « métrique » sur le contenu dont l’agrégation, l’analyse et la vente de données comportementales des utilisateurs constituent la finalité non-visible d’un nouveau type de modèle économique. On rappellera qu’à ce stade, les plateformes de streaming musical sont un média non soumis aux mêmes obligations que la radio et la télévision ou les plateformes de streaming video.

Cette concentration a aussi des conséquences sur les droits d’auteur et droits voisins déjà fort peu soutenus par les médias nationaux, très faiblement contraint à diffuser les artistes nationaux et à supporter les artistes indépendants par rapport aux artistes internationaux populaires.

Il faut donc être clair: seuls les labels indépendants qui survivent parviennent encore à défendre une création artistique locale, aventureuse et exportable, qui puisse rejaillir sur l’image de notre terroir

Ainsi, quoiqu’imposent les algorithmes des sociétés de streaming, quoiqu’en disent les plateformes, le rôle des labels est et demeure plus que jamais essentiel, car les labels indépendants sont les seuls à offrir des services réels, concrets, personnalisés, car ils offrent une expertise professionnelle, basée sur l’expérience et la connaissance des réseaux nationaux et internationaux. Une expertise basée sur l’humain, le rapport direct avec l’artiste et envisagé sur le long terme.

La vivacité des labels indépendants en Belgique francophone est une chance pour nos artistes, soutenus par des professionnels engagés, militants, capables et disponibles..

Si la musique devient un art qui ne rapporte plus qu’ aux grandes structures de diffusion (majors et gros indépendants) au détriment des artistes qui vivent de moins de moins de leurs talents, la seule solution est le renforcement du réseau des labels indépendants qui se battent avec les artistes afin d’opérer leurs activités à travers des règles de jeu équitables.

C’est dans ce but que la F.L.I.F. s’est créée.

 Aujourd’hui, elle rassemble 27 labels indépendants qui ensemble représentent énormément en termes de créativité et de vitalité.

Nos objectifs

  • représenter un secteur auprès des pouvoirs publics et des organes de concertation tant publics que privés

  • défendre les labels indépendants en :

  1. revendiquant des subsides suffisants;

  2. revendiquant des chaînes radio et TV tant publiques que privées des quotas de diffusion conséquents car, c’est une évidence, les artistes produits par les labels indépendants sont sous-représentés sur les ondes. Il faut régler l’inéquitabilité médiatique.

  3. informant toutes les autorités concernées des enjeux de la digitalisation afin qu’ils défendent, notamment au niveau européen, la mise en place de système de protection suffisant. Le décret SMASPV, base du droit audiovisuel en Belgique francophone, doit être aménagé pour faire bouger certaines lignes et défendre en direct les artistes FWB face à cette crise.

La FLIF soutient aussi ses membres en offrant des services concrets

  • des conférences, webinaires et autres rencontres professionnelles

  • en informant ses membres de l’actualité du secteur et des programmes financiers mis en place

  • en mutualisant certaines dépenses et en recherchant les meilleures conditions possibles pour ses membres (exemple : négociation d’un contrat global pour l’envoi des disques à des tarifs préférentiels)

  • en organisant un shop avec une formule d’abonnement 5 - 10 - 15 titres d’un catalogue commun (formule durant la crise COVID)

  • en étant présent dans des marchés du disque (exemple : Independant Label market 2019)